EN RESUME : Voyant le succès des thèses cathares en Languedoc, et jugeant le catharisme comme un danger menaçant son existence même, l'église romaine se doit de lutter contre ces "hérétiques". Le ralliement pacifique des populations imprégnées par le catharisme étant un échec, le pape fait appel à la force : l'outil de la croisade est ainsi enclenché pour la première fois en terres chrétiennes. De 1209 à 1229, les "croisades albigeoises" déferleront sur le midi occitan. Un des épisodes militaires les plus illustres est le siège de Termes, le plus long de cette période. Cette guerre va mettre au pas la noblesse locale, qui protégeait les cathares. Mais la répression du catharisme ne sera véritablement efficace qu'avec la création de l'inquisition. Elle obtiendra la disparition de cette église conccurente au début du XIVe siècle.
Au début du XIIIe siècle, sur les terres de Trencavel et du comte de Toulouse, l'hérésie continue de progresser parmi la population et particulièrement parmi la petite noblesse locale, qui constitue l'assise du pouvoir des grands seigneurs. Même les seigneurs restés catholiques -majoritaires- n'ont pas de réel intérêt à une violente répression de la dissidence. Il n'y a donc pas de pouvoir séculier en mesure d'appliquer les condamnations proclamées par l'église, à la différence d'autres régions. De plus, les débats contradictoires et les prédications, comme celles de Dominique de Guzman, n'ont pas connu de succès notables.
Devant le danger que représente le dogme cathare pour l'Eglise, le pape doit faire appel à la force, et donc, surtout, à la force de seigneurs étrangers au Languedoc. Après de vains appels à la croisade, le contexte change en 1208. Le prétexte du déclenchement des opérations militaires est le meurtre du légat pontifical, Pierre de Castelnau, au gué de Saint Gilles du Rhône en janvier 1208. Le roi de France, Philippe Auguste, consent enfin à ce que ses vassaux puissent partir en croisade.
Ainsi, en 1209, le pape Innocent III lance la première guerre sainte en Europe christianisée, " l'affaire de la paix et de la foi ", connue comme "la Croisade albigeoise". Elle vise en priorité le comte de Toulouse et la noblesse méridionale protectrice des hérétiques : s'ils ne luttent pas contre les hérétiques, ils seront dépossédés, car les domaines de seigneurs ne collaborant pas seront "exposés en proie".
L'armée croisée, composée d'hommes de l'Europe du nord essentiellement, est réunie à Lyon par Arnaud-Amaury, l'abbé de Citeaux. Elle passe le Rhône en juillet 1209 et s'avance alors via Montpellier, avec comme seul objectif les terres du Vicomte d'Albi-Béziers-Carcassonne : Raimond-Roger Trencavel, suzerain de Termes. Le comte de Toulouse a en effet réussi à détourner la Croisade de ses terres.
La ville de Béziers tente de résister, mais sa rapide prise est l'occasion d'un illustre massacre : Arnaud Amaury aurait dit "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Les croisés mettent ensuite le siège devant Carcassonne qui se rend au bout de quinze jours. Malgré l'absence de sources, il est permis de penser que les hommes de Termes ont participé à la défense, au titre du service vassalique. Hormis Trencavel, tous les défenseurs et habitants de la cité repartent sans rien, mais saufs.
Après le refus des plus notables seigneurs de la Croisade, Simon de Montfort, baron peu connu d'Ile de France, accepte de devenir chef de la Croisade et nouveau vicomte de Carcassonne. Avec un contingent réduit, il passera l'hiver dans le pays. Les grands seigneurs et l'essentiel de l'ost, leur service de 40 jours effectué, s'en retournent dans le nord.
Le reste de 1209 et l'année 1210 sont consacrées à la conquête des domaines de la Vicomté : il s'agit de soumettre les principaux seigneurs qui ne reconnaissent pas Simon de Montfort comme leur nouveau suzerain, et protègent les hérétiques. La résistance s'organise autour des quelques véritables forteresses que compte le pays. Citons Montréal, Ventajou, Cabaret (Lastours), Minerve, et... Termes.
Une opération est lancée début 1210 contre Cabaret, mais le siège semble mal préparé, et c'est un échec pour les croisés. Simon de Montfort se tourne ensuite vers la cité de Minerve, qui se défend âprement, mais qui se rend au bout de 5 semaines en raison du manque d'eau. Un mangonneau croisé, "la Malvoisine", a joué un grand rôle dans la prise de la place. On assiste à Minerve à un bûcher massif de cathares : 140 personnes périssent dans les flammes.
Ensuite, à partir de fin juillet 1210, Simon met le siège devant Termes.
Fin 1210, Simon de Montfort bénéficie de la tournure qu'ont pris les événements à Termes, et prend rapidement de nombreuses places. Les seigneurs de Cabaret négocient leur reddition honorable, non sans avoir évacué au préalable les cathares présents dans le castrum.
"La croisade des Montfort" (Simon, puis son fils) se poursuivra jusqu'en 1224. Elle concernera de nombreux théatres d'opérations, des Pyrénées jusqu'en Provence, en Massif central et autour de Toulouse. De grands bûchers ou massacres marqueront cette guerre. Nous ne rentrerons pas ici dans le détail de ces événements, où ni les Seigneurs de Termes, trop jeunes, et en exil, ni le château, ne jouent de rôle notable. Il faut tout de même garder à l'esprit que les batailles et sièges de Muret, Beaucaire, Toulouse... furent autant de tournants décisifs, y compris à l'échelle de l'histoire européenne. Le soir du 13 septembre 1213, par exemple, aprés la bataille de Muret perdue par les Méridionaux, c'en était fini d'un éventuel royaume catalano-occitan s'étalant de part et d'autre des Pyrénées. Et, cela est parfois oublié... mais au final, "la croisade des Montfort"... se solde par la défaite des croisés.
La "reconquista" des seigneurs méridionaux fait que, pour l'église catholique, en 1224, rien n'est réglé : les communautés cathares réapparaissent au grand jour, et un concile cathare, en 1226, voit même la création d'un nouvel évéché : Benoit de Termes est nommé évêque cathare du Razés, au sud de Carcassonne.
Cependant, Amaury de Montfort, défait, a fait donation de ses possesions perdues au roi de France. Louis VIII lancera une nouvelle croisade en 1226, pour son propre bénéfice : assurer la suzeraineté du royaume de france sur le midi, avoir un accès direct à la Méditerranée. Malgré la mort de Louis VIII sur le retour de la campagne de 1226, la royauté française verra ses objectifs se réaliser en imposant ses conditions au traité de paix de Meaux, en 1229, aux dépens surtout du comte Raymond VII de Toulouse.
Usuellement, 1229 marque la fin des croisades albigeoises. Des opérations militaires auront bien lieu jusqu'en 1255, mais le traité de Meaux enterine une nouvelle donne géopolitique : les seigneurs méridionaux favorables aux cathares sont dépossédés ou sous étroit contrôle. Des sénéchaussées royales, à Carcassonne, Beaucaire, assurent la domination directe de ces régions par le roi. Dans ces conditions, l'église catholique est en mesure de mettre en place son implacable répression des hérétiques, au moyen d'un instrument policier spécialement crée : l'inquisition.
Mise en place en 1233, confiée aux Dominicains, l'Inquisition va progressivement réussir à débusquer les hérétiques pour les condamner. Les cathares qui échapperont aux peines du tribunal seront réduits à la clandestinité ou à la fuite en Catalogne ou en Lombardie. Le 15 mars 1244, la reddition de Montségur se solde par la disparition du principal refuge de la hiérarchie cathare : plus de deux cents cathares sont brûlés.
Le bûcher du dernier "parfait" cathare connu, Guilhem Bélibaste, en août 1321 à Villerouge Termenès, suivi quelques années après par les derniers supplices de croyants relaps, marque la fin de la répression des cathares.